LA CULTURE MUSICALE MANDINGUE
Les gardiens de la culture musicale Mandingue sont appelés les Djelis ou les Griots. Historiquement, nous pouvons les retracer jusqu’au 13e siècle de l’empire Malien, alors qu’ils jouaient le rôle de musiciens de la cour, d’historiens-orateurs et de conseillers pour la classe noble. Les Djelis sont très entraînés et leur connaissance se passe de génération en génération au sein de quelques familles seulement. Un Djeli (ou Griot) est une bibliothèque vivante, emmagasinant une quantité phénoménale d’information.
Comme le veut l’ancien proverbe africain : “Chaque Griot qui nous quitte, est tel une librairie qui disparaît”. Pour la culture Mandingue, le Griot fait le pont entre le monde quotidien et le monde mystérieux de l’inconnu. Dans nombreux mythes et légendes, des instruments de musique comme la kora sont donnés aux humains par les esprits de la forêt surnommés Djinns. Le Griot, en tant que maître de ces instruments, doit être à même de contrôler cette énergie du monde inconnu. Les Mandingues ont pour croyance qu’une force vitale, le Nyama, existe en tout. C’est une force qui nécessite d’être maniée très prudemment, car elle peut être dangeureuse pour celui qui la manipule. En pratique, cela signifie que le Griot doit respecter certaines valeurs comme l’humilité, la générosité, la discipline personnelle et la maîtrise de soi.
À l’intérieur d’une famille de Griots, chacun doit étudier la connaissance du passé et garder son focus sur le futur. Chaque Griot travaille sur sa contribution personnelle à la musique et aux chansons. Le sens de la tradition côtoit intimement le sens de l’aventure et de l’exploration. Dans les temps modernes, les Griots ne bénéficient plus du support financier de la classe noble. Ainsi, nombre d’entre eux se sont installés en Europe et en Amérique du Nord, d’où ils continuent d’insuffler l’héritage culturel par la remémoration, mais également par la pratique de ces musiques datant parfois de temps immémoriaux.
La tradition griot s’avère toujours remarquablement résiliente, même plus de 700 ans après son apparition lors de l’empire Malien. Aucune célébration ou occasion spéciale d’Afrique de l’Ouest n’est complète sans la participation d’un Griot. Il est celui qui chante, qui fait les éloges, qui annonce les festivités. Mais d’entre toutes ses fonctions, et plus important encore, il est celui qui se souvient.